Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
PIERRE BALLOUHEY
Derniers commentaires
12 avril 2018

Mai 68, quelques trucs vécus par un fantassin ébahi

 

Mai68titre

2017-1ballouhey-mai68

Miradors
En mai 68, j'étais aux Beaux-Arts de Paris, Quai Malaquais, depuis trois ans.
La géographie est de mon coté, j'habite Faubourg du Temple à deux pas de la République, je bosse à Nanterre et je suis inscrit aux Beaux Arts. De ces trois miradors, je ne vais pas en rater une.
Au Quartier Latin, les manifs contre la guerre au Vietnam étaient courantes, habituelles. "Johnson, assassin ! Johnson, assassin !" Je n'y allais pas. Je préférais le Rougevin et le bal des Quat'zarts, cortèges grotesques des étudiants des Beaux-Arts, fanfares extravagantes en tête. J'étais allé faire un tour à la manif pour défendre les Paravents de Jean Genet devant l'Odéon, pensez donc la liberté d'expression était menacée par des anciens combattants d'Algérie.
"Le fascisme ne passera pas ! Le fascisme ne passera pas !"

Libérez Vandenburie
- Viens à la manif devant l'ambassade d'Espagne, me dit La Foisse, Franco a fait arrêter Vandenburie.
- Qui c'est ça ?
- L'ancien président de l'Unef.
Vandenburie, dont je n'ai plus jamais entendu parler, était allé en Espagne, invité par les étudiants espagnols. L'Unef à l'époque, c'était trotskards et maos. Crac, le Caudillo se cravate le Vandenburie et au gnouf.
Moi, la guerre d'Espagne m'avait beaucoup émue, via le film de Frédéric Rossif, Mourir à Madrid, qui circulait dans les ciné-clubs et Lorca et Picasso et Rum balabum balabum bam bam . J'avais des copains espagnols aux Arts, fous de haine contre ce hiro de puta de Franco.
Cette cause me causait. "España Si, Franco No !"
"Libérez Vandenburie ! Libérez Vandenburie !"
Les flics tapaient encore avec les pèlerines roulées serrées, casques de la guerre de 14 peints en noir. L'équipement sophistiqué de robot cop viendra après. Manif bonne enfant. Tout d'un coup, un dingue sort de sa poche une tomate, l'écrase sur la gueule d'un flic et lui frictionne le groin avec soin. C'était une bombe, Laurel et Hardy au passage de l'Ebre. Je n'ai pas eu le temps de ricaner longtemps, les coups sont partis dans tous les sens. J'ai courbé le dos, volte-face suivant La Foisse, morts de rire, on prend le large.
Le souvenir de la  tête de ce pauvre agent tartinée de tomate me fait encore rire.
- T'as qu'à prendre ta carte, me dit La Foisse.
- C'est cher ? En tout cas, c'est des marrants à l'Unef.
Il me donne le nom du responsable de l'Unef, je paye ma cotise.
On est en avril 68, j'attends toujours ma carte.

Vieux patriarches
La société de l'époque, on l'a oublié, était aux mains de vieux patriarches autoritaires, distants, méprisants, costumes sombres, bedaines et chapeaux mous, les bourgeois. De Gaulle en tête, revenu au pouvoir dix ans auparavant, sur un coup d'état. Les principaux, les proviseurs et les prieurs qui dirigeaient les bahuts d'où je sortais. Et mon père... Cette autorité pesante à laquelle je réagissais brillamment par la cancrerie et la déconnante ne m'accablait pas trop. Mais, tout ce poids était ressenti par tous les gens de mon âge, il était là, lourd. C'est la génération du baby-boom, du rock, de la pop, du free-jazz, de la Nouvelle Vague, de la liberté des mœurs, l'incompréhension et le mépris des adultes est insupportable. Une société bloquée à mort, verrouillée.

Nanterre
Je travaille au Théâtre des Amandiers de Nanterre, job d'étudiant sachant se servir d'un pinceau. Décors, calicots, installation d'expos.  À l'époque, le théâtre des Amandiers est hébergé dans un baraquement en bois, les représentations ont lieu dans le Palais des Sports, hall de gare bâti pour le basket. À deux pas, le bidonville, une ville de carton, de papier goudronné, de tôle, de planches de récup, de boue et de merde, on va y manger des brochettes sur des rayons de vélo, les moutons bouffent du carton et quelques herbes maigres du terrain vague. La fac est de l'autre coté de cette non colline. J'observe les mouvements  des étudiants de gauche, on ne disait pas encore les gauchistes. Je me sens vraiment des leurs. La Gauche avait ébranlé le pouvoir autoritaire de De Gaulle en 65, mon premier vote, la première élection à laquelle je participais et déjà Mitterrand.
Le premier mai, je vais voir la grande manifestation ordinaire, normale à la République. Je n'y prends pas part, la Cgt commence à dégoiser sur les étudiants. Je regarde passer la caravane, sans aboyer.

Enragés
À la radio, c'est Europe 1 qu'on écoute. J'entends qu'il y a du grabuge rue de Vaugirard, on est le 3 mai, j'appelle Luce, elle y habite : " C'est grave les flics sont armés de mitraillettes, elle me dit, et elles sont chargées et tout." Fouchet et Peyrefitte font évacuer la Sorbonne avec une grande violence et arrêtent un paquet d'étudiants dont Sauvageot de l'Unef, mon patron qui m'a pas encore donné ma carte. "Fouchet enragé, libérez la Sorbonne". "Libérez nos camarades".
Je passerai tous les soirs au Quartier Latin, pour essayer de trouver un responsable de l'Unef et récupérer ma carte.
Les violences policières, du lundi 6 mai, lancent dans le mouvement des milliers d'étudiants et de jeunes travailleurs pas particulièrement politisés ou encartés, ils sont révoltés par la violence de la répression. 200 blessés et  des centaines d'arrestations, direct à Boujon. "CRS-SS !", "De Gaulle, assassin !", " À bas l'État policier !"

Barricades
- Tiens prend ça et passe le aux autres, vite ils vont revenir ! Le mec me tend un pavé d'au moins dix kilos, trente centimètres sur vingt et vingt de haut. On est au carrefour de la rue Soufflot et du boulevard Saint-Michel, au coin du Luxembourg. Je le donne à un autre type fébrile. Je me dis que le mec qui balance un pavé pareil à vingt mètres et blesse un flic doit être le champion olympique du lancer de poids. Rue Gay-Lussac, il y avait des petits pavés de dix, dix plus légers, mais là, c'est du mastoc. La barricade monte tranquillement, c'est vrai, il y a la plage, sous nos pieds dans ce bruit, ces hurlements et la puanteur de lacrymogènes, du beau sable, jaune et fin .
Quand les Crs ont chargé, j'ai vite compris à quoi ça servait une barricade, au lieu de prendre le coup de matraque bien sur la gueule, il faisait floup sur les basques de la veste, le mètre que le flic avait perdu et se tordant les rangers sur le tas de pavés te sauvait la peau.

mai68

Mon Général, retirez vos flics
Je vois à l'angle de la rue Monsieur le Prince et du Boul'Mich', la voiture d'Europe 1, je m'approche, les journalistes décrivent la situation sur leurs "radio téléphone", c'est Jacques Paoli qui depuis les studios les interroge à tour de rôle. C'est la première fois que je vois faire une émission de radio.
Il y a là près d'eux, un homme grand et maigre, c'est Jacques Monod, le prix Nobel de physiologie ou de médecine, les journalistes lui tendent le micro, il hurle :
- Mon Général, de grâce, retirez vos flics, je vous en conjure. Ce qui se passe ici est très grave. Sa voix est couverte par les explosions de grenades lacrymogènes des gardes mobiles tirées depuis les fusils d'assaut.
Un autre homme, d'un certain âge, noir, c'est Gaston Monnerville, il est venu en voisin, c'est le Président de Sénat, le deuxième personnage de l'État, le palais du Luxembourg est à deux cents mètres. Il a déambulé au milieu des insurgés toute la soirée et une partie de la nuit, lui aussi est scandalisé par le sort que fait le gouvernement de De Gaulle à ses étudiants. Quelques jours plus tard De Gaulle suspendra la licence et le droit d'émettre, donc il interdira les radio-téléphones. Ces radio-téléphones émettant depuis la rue étaient un vrai réseau d'information permanente pour les petits transistors, tous nouveaux, collés à l'oreille des étudiants.
Les Parisiens sont scandalisés par les violences policières.
Le lendemain du 6 mai, je vois dans le métro, les flics de la police parisienne aller au boulot avec un imper mastic par-dessus la tenue, le képi dans un sac de sport. Je les repère facilement aux pompes, au pantalon bleu marine et à la coupe de cheveu. Je les fixe avec un regard mauvais, calés contre le strapontin replié, ils n'en mènent pas large. Revanche et plat de poulet froid.

Sorbonne
Qui m'a embarqué à La Sorbonne ? Des mecs des Amandiers, peut-être Denis Joxe qui me ramenait de Nanterre à Paris, en deux pattes, quand on finissait tard le soir. Son cas est extravagant son père est ministre de De Gaulle, négociateur des accords d'Évian, son frère Pierre Joxe sera député socialiste et ministre de Mitterrand et lui il brandit le petit livre rouge de Mao comme un dingue à tout bout de champs. Provoc de bon aloi. Je pensais souvent à lui quand les repas familiaux se terminaient en engueulades politiques avec mon père et mes frères, chez les Joxe aussi les fins de repas ne devaient pas être tristes.
À moins, qu'ils ne bouffassent jamais-z-ensemble.
Au grand porche, je suis dans mes petits souliers, ma maison c'est les Beaux-Arts, là je ne suis pas très à l'aise c'est le Temple du Savoir, des Lettres, de la Philo, la maison des crânes d'œuf, des premiers de la e. La cour est un enchantement des gens partout, le stand d'Action, des Maos, des anars, quelques éclopés se la joue guérillero, des discussions, des débats dans tous les coins et les graffitis tous plus délirants les uns que les autres, ils couvrent les murs, salopent un peu un Puvis de Chavannes, je me marre. «Godard, le plus con des  suisses prochinois.» «Veuillez laisser le Parti communiste aussi propre en sortant que vous voudriez le trouver en entrant.» «Je suis marxiste tendance Groucho. » Bien sûr, c'est les plus cons qui me plaisent le plus.
On entre dans le grand amphi, je suis dans un film d'Abel Gance ou d'Eisenstein. Une assemblée rigolarde et bravache approuve, applaudit, conspue, hue, à tour de rôle Cohn Bendit, Krivine, Bensaïd, ces jeunes mecs, de mon âge, me sidèrent leur discours est clair, limpide dans ce brouhaha gigantesque. Je suis gonflé à bloc. Je reviens souvent.

Forum de quidam
- Mais aucun gouvernement révolutionnaire va vous la prendre votre retraite, elle est tellement minable, hein, qu'est ce que vous voulez qu'il en foute. Il est même capable de vous l'augmenter. Un type genre syndicat dit ça à un pauvre retraité petit costume et chapeau mou si inquiet et si curieux à la fois. Les groupes se forment dans les rues sans voitures près des barricades fumantes et des pissotières déroulées au milieu du boulevard, des assemblées, ils parlent de tout, c'est incroyable, du Front populaire, de la Résistance, du travail, de l'avenir, de l'humiliation, de l'exploitation, des sales petits chefs, de leur vie ordinaire. Des gens qui ne se seraient jamais parlé auparavant, le chapeau mou avec la casquette, le barbu chevelu avec le cranté gominé, la dame chapeautée et la femme " en cheveux". Des gens qui ne parlaient même pas dans leur famille prennent la parole et disent leur humiliation, leurs désirs, l'espoir. Des échanges volubiles, du jamais vu.

L'Imprimerie des Beaux Arts
Les journaux révolutionnaires fleurissent Action, le Pavé et L'Enragé. Je ne dessine pas, je n'ai pas dessiné pendant tout ce mois de Mai. Je suis un fantassin. Je vais aider les copains, que dis-je, les camarades de gravure, à l'impression des fameuses affiches. L'affiche où l'on voit un porc représentant Roger Frey, ministre de l'intérieur pendant la Guerre d'Algérie et l'affaire Ben Barka. Le jeu de mot "porc frais" me chiffonne un peu, je n'aime pas beaucoup les calembours. Mais, ses scélératesses justifient la comparaison. Je donne un coup de main à la Foisse toute une journée pour tirer cette litho sur pierre, format grand aigle.
Je ne l'avais plus revue, je viens de la retrouver sur Internet chez un collectionneur.

frey-mai68

frey68-2

Mai68FreyQuand je vois tous ces collectionneurs d'affiche de Mai, ça me débecte. Elles étaient faites pour les murs, pour la rue, pas pour les salons et les cadres Ikéa. Je n'en ai pas gardé une seule. On a jamais manqué de papier, ni d'encre, des camionnettes passaient et déposaient des fournitures devant les Arts, les syndicalistes du Livre et les petits imprimeurs parisiens reconstituaient les stocks, refaisaient les niveaux.
Geismar habitait chez nous, aux Arts. Quand les flics ont envahi l'École pour l'évacuer, ils courraient partout comme des dingues, ils cherchaient des rotatives comme dans les films américains d'Humphrey Bogart ou d'Orson Wells, ils ne trouvaient rien, ils cassaient tout, ils ne savaient pas qu'un écran de sérigraphie, ça ressemble à un châssis de toile et un pot d'encre à un pot de peinture. Quant aux bêtes à cornes des graveurs, ils les prenaient pour des machines à coudre. Ils étaient persuadés qu'on avait déménagé et embarqué les machines pendant la nuit sur la Seine sur des radeaux comme des Viêt-Congs.

Dix ans, ça suffit
Les étudiants  organisent leur propre service d'évacuation des blessés dans des voitures particulières. Les deux-chevaux décapotées des carabins en blouses blanches et brassards, debout dans la deuche drapeau blanc à la main. Tutut-tututut-tutututu-tutut. Parce que les flics embarquent tout le monde à Beaujon, blessés ou pas, coups, injures, tonte des cheveux, attention, les tondeuses sont perso, c'est pas fourni par l'administration, mais on tond les chevelus dans les commissariats. CRS-SS, c'était un peu fort mais gros cons abrutis, ça marche, ça va.
Toute la France est révoltée par les violences policières, les arrestations, les blessés. C'est la grève générale, crève Général, comme disent les affiches des Beaux Arts. Le 13 mai, l'énorme manifestation est inaccessible. En partant du début du faubourg du Temple, je ne peux rejoindre la multitude place de la République qu'à la gare de l'Est, tout l'arrondissement, toutes les rues sont bloquées par la police.
Des centaines de milliers de français sont là. Un océan de banderoles, de drapeaux rouges, de drapeaux noirs. Pas de folklore bon enfant, de chansonnettes tournées à la va-vite, de déguisements cuculs comme on en voit aujourd'hui, de la vraie bonne colère saine et âpre. Rangs serrés, poings levés, coude à coude. " À bas l'État policier." " Ce n'est qu'un début continuons le combat." Et l'Internationale... Je n'ai plus jamais revu ça, si, la marche sur Charléty, c'était terrible.
Impossible de retrouver des copains, je sais qu'ils sont tous là, mais où, c'est une mer humaine. Ouf. J'aperçois le grand Deloule, un graveur, je le connais depuis les Arts de Grenoble, je le vois de loin, il est grand.
- Tu sais où sont les autres ? - Non. "De Gaulle assassin." "Dix ans, ça suffit." On reste ensemble. On est au milieu de la FER, Fédération des étudiants révolutionnaires, pas des tendres, des trotskistes, lambertistes. "Vive la révolution socialiste." "Le pouvoir au prolétariat." Les drapeaux noirs des anarchistes surgissent, flottent et tournoient au-dessus de la foule. Frissons, on essaie de se glisser vers eux. À la Sorbonne, les grandes baies vitrées étaient occultées par d'immenses rideaux noirs pour les projections; ils sont tous devenus drapeaux pour anars.
Juchées sur les kiosques à journaux des équipes de cinéma filment le passage des manifestants. C'est Lelouche. Il engrange des images. Que sont devenus ces films?
Très tard dans la soirée, on arrive à Denfert. Un million de personnes selon les organisateurs, 200 000 selon la Police, 800 000 personnes d'écart, une ville entière est passée devant les yeux des flics et ils ne l'ont pas vue. Les chiffres de la police on s'en tape. Ce ne sont pas des interlocuteurs valables, comme dit Cohn Bendit.
Et puis comme d'habitude les CRS nous rabattent sur le Quartier Latin. Notre terrain de jeu. C'est l'usage depuis dix jours, matraquages, provocations, lacrymogènes, arrestations, évacuation des blessés.

L'imagination au pouvoir
- On a une grande assemblée générale à Censier, t'es concerné, viens ! C'est sur la culture. - Ah, bon.
On monte dans les étages, une salle sur la porte une feuille perforée d'ordinateur sur le verso, CRAC, Comité révolutionnaire d'action culturelle. Il y a là Célia et toute une bande des Amandiers. Un camarade, l'organisateur de la réunion veut qu'on planche sur des actions spectaculaires et révolutionnaires à tendance culturelle. On parle d'expos surprise, de films, de concert de free, de théâtre de rue, d'happenings, d'apporter l'art dans les usines occupées, les idées les plus loufoques et les moins réalistes fusent et s'entrechoquent.
Dans le fond de la salle un petit mec bourré ou stone éructe à la fin de chaque phrase : la musique, c'est de la merde, le théâtre, c'est de la merde, la peinture, c'est de la merde, la culture, c'est de la merde, le cinéma, c'est de la merde. Il commence à nous gonfler grave, pas moyen d'en placer une, la salle se vide petit à petit, je reste encore un peu, on ne sait jamais ...
- Il y a quelqu'un qui sait peindre des lettres sur un calicot, là-dedans ?
- Ouais, bien sûr. D'un bond, je me lève tout content de quitter cette bande de dingues. Dans la pièce voisine, une immense banderole est déroulée sur le sol, des pots de peinture, des brosses et deux mecs et une nana qui regardent tout ça comme des poules devant un évêque qui aurait trouvé un opinel.
Je trouve une règle dans une salle et je commence à prendre des mesures.
- Et qu'est-ce qu'on écrit là-dessus ?
Ils me tendent un papier, il y est griffonné : L'imagination au pouvoir.
- Qu'est ce t'en pense ?
- Impeccable. Vous voulez mettre ça où ? C'est immense. Personne peut porter une banderole pareille.
- On sait pas encore.
Je compte mes lettres, mesure leur chasse, les espaces et je commence à tracer au crayon les caractères. J'ai une pratique d'enfer, je fais très régulièrement des panneaux à Nanterre pour annoncer les événements créés par les Amandiers.
Je regarde les pinceaux, la peinture, c'est du scolaire, bon, j'attaque : L'imagination au...
- Quelqu'un a l'heure ?
- Une heure.
- Putain, 'faut que j'y aille, j'habite à la République ça fait une tirée.
- Bon. T'as vu comment on fait, c'est tout tracé. Je passe le pinceau à un pauvre type ébahi et je me casse. Métro en grève, on fait tout à pied, c'est génial et on est pas pressé.
Sur Europe, le lendemain, j'entends que les étudiants révolutionnaires ont pris et occupent l'Odéon. J'aimais bien l'Odéon, j'y étais allé plusieurs fois voir Renaud Barrault jouer Beckett et  Pinget, c'est Luce qui nous aiguillonnait théâtre, elle avait des places gratuites, peut-être, je sais plus. Je fonce, en remontant la rue de l'Odéon, je vois surpris et fier sur le fronton la banderole que je n'avais pas eu le temps de terminer la veille : "L'imagination au pouvoir" achevée à la diable dans la nuit par un autre fantassin.

f2ab33401fc0ee673ce5e2120bebffca

L'Odéon
Je rentre triomphalement dans ce si joli théâtre. Au petit matin, un groupe d'étudiants a frappé à la loge du concierge, il ouvre et hop, l'Odéon est pris. La salle est bourrée. Toujours les quidams, des étudiants, des employés, des ouvriers, des jeunes travailleurs se succèdent sur la scène et racontent avec une émotion énorme ce sentiment d'humiliation, de frustration, d'oppression qui règne sur le pays, la violence de cette société, la brutalité de ce gouvernement. L'exploitation, l'insécurité dans le travail, les petits chefs vicelards, la morgue des patrons. Sur les presses, les ouvrières ont les mains menottées, les bracelets sont reliés à une chaîne, un mécanisme tire brusquement sur les chaînes pour retirer les mains du plan de travail quand la presse tombe. « Tu ne te fais pas écraser les doigts, mais les épaules et le dos morflent. » À cette époque, la e populaire habite Paris, les grands ensembles ne sont pas encore tout à fait construits, les ouvriers habitent Belleville, Javel, La Mouffe, il y a de tous petits commerces indépendants, des ateliers d'artisans, on travaille sur le trottoir, dans la rue, des petites usines et puis les grands magasins, tout le monde est en grève, les calicots "en grève" barrent les façades, les drapeaux rouges flottent. Ils sont là, au coté des étudiants, surtout les jeunes travailleurs, eux, ils sont forts pour la castagne. J'ai vu des compagnies d'arquebusiers de lance-pierres tirer des billes de roulement sur les CRS, du coup, ils se sont grouillés de s'équiper de boucliers.
Des comédiens au chômage viennent dire leur rancœur, et puis Jean-Louis Barraud arrive, s'excuse, dit qu'il est de gauche, on le savait, qu'il aime le peuple, on le savait aussi, et qu'il aime les jeunes. Pourquoi venir dire tout ça. Des allumés viennent refaire le théâtre, le cinéma, la peinture, des délires à mourir de rire, des élucubrations frappadingues. Mais, tout est là, nommé, énuméré, l'art les années qui vont suivre. Pendant des jours l'Odéon sera un forum, une assemblée, un tribunal, un cirque, une cantine et un dortoir.

Les Halles
La traversée des Halles est toujours fantastique, la grève ne touche pas trop la bouffe, l’approvisionnement continue. Les diables, les charrettes des marchands de quatre saisons, les chariots élévateurs tournent et virent. Les bouchers, les charcutiers, les poissonniers pleins de sang, les marchands d’ail en pull-over et les marchands de primeurs en chandail et les routiers en marcel, ils viennent de l’autre bout de la France, camions garés en catastrophe, les forts des Halles déchargent des quartiers de bœufs, les moins forts viennent donner la main pour quelques francs et un bout de barbaque, les clodos qui glanent un p’tit-queque-chose, les putes, des rats commaque. Les Halles, c’est comme Rungis, mais en mieux et en plein centre de Paris, sous des auvents métalliques magnifiques. Une ville entière, une ville de la nuit, le ventre de Paris comme on disait et aussi son cul. Des gestionnaires incultes, propres et cons ont fait tout tronçonner, massacrer, saccager pour rien, pour y construire rien. Et tout embarquer à Rungis, justement.
La grève des éboueurs a érigé une montagne d’ordures au plateau Beaubourg, un espace étrangement vide où l’on bâtira le centre culturel du même nom et que des cuistres appelleront Pompidou. Tout Paris y apporte sa merde, les gens des halles ne se gênent pas, c’est si près et si pratique.
Saint-Michel, République, la rue du Renard, c’est ma route.
- Les flics ! Les flics ! Des tubes citron, des cars de Police passent toutes sirènes hurlantes, suivis de Land-Rover de CRS. Coups de frein, portes qui claquent, cavalcades. Tout le monde, à quatre pattes, se planque derrière les tas d’ordures, les carrioles, les bagnoles. La Rousse rafle partout, ils foutent la trouille, ils sont tellement haineux. J’ai une vraie tête de caricature d’étudiant gaucho barbe noire, chemise rouge, veste de velours noir, jeans et baskets; on fait beaucoup de marche et de course à pied, ces temps-ci. S’ils me mettent la main dessus, je suis bon.
- Vous effrayez pas les mignons, c’est à nous qu’ils en veulent. Les putes se relèvent en époussetant leurs bas résille.
Fou rire général. Fraternisation des emmerdés de la police.
“Sœurellisation”, ça n’existe pas ?
Après avoir poireauté dans des cars toute la journée, matraqué des étudiants toute la soirée, la nuit ils viennent encore faire chier les putes. C’est des dingues. Ou alors, excités par l’attente, les courses-poursuites, le son mat des matraques sur les étudiants et le sang des arcades sourcilières, ils viennent se payer sur la bête. Va savoir.

CRS, S-S. Étudiants, dian-dian
Ces pauvres flics, CRS ou Gardes mobiles viennent de toute la France, braves gus, échec scolaire, humiliés par les instits, après quelques années d’apprentissage et un long service militaire en Algérie, une courte vie professionnelle merdique et mal payée, un engagement signé à la va-vite : sécurité de l’emploi, retraite assurée et précoce. Les voilà comme des cons à se faire chier dans ce Paris qu’ils ne connaissent pas. Insultés, méprisés.
Je les vois, le matin, serrés dans leurs cars noirs garés Place de la République en face de la caserne, bière et clop à la main ils vont et viennent du car au kiosque à journaux, ils y achètent des bandes dessinées petit format et bon marché Buck Jones, Hopalong Cassidy, Pépito, Tartine Mariole ou Fox et Croa. Bouffe au réf. Attente. Ils regardent passer les filles à travers les fenêtres grillagées du car. Regards sans retour. Ils sont transparents. Vers six heures, on les poste dans les rues, debout pendant des heures. Ils voient défiler ces petits cons d’instruits, ces sales rouges, on leur monte bien le bourrichon et vers dix heures on les lâche, comme des clebs, des bergers allemands. Et là, leurs petits chefs doivent les retenir en les engueulant, encore l’humiliation.
Maintenant, ils sont à la retraite et ils ont la certitude d’avoir fait la guerre pendant ce joli mois de mai.
Coté armée. Les mecs qui sont au service militaire ont été consignés pendant toute la durée des événements. On dit qu’à Fontainebleau des chars et des automitrailleuses sont massés.

 Nous sommes tous des juifs allemands
Cohn Bendit est interdit de séjour sur le sol français, il a la nationalité allemande. Dix millions de grévistes en France, le record de 36 est battu, le pays est complètement paralysé. Dans les centaines de petits postes à transistor tout neufs, De Gaulle module de sa voix théâtrale:
- La réforme oui, la chienlit non !
- La chienlit, c’est lui ! répond la rue.
De Gaulle dit qu’il va organiser un référendum et qu’il ne restera pas à son poste si le vote ne lui donne pas raison.
- Adieu  De Gaulle ! Adieu  De Gaulle ! Adieu  De Gaulle ! Adieu ! répond la rue.
Plusieurs centaines de milliers d’étudiants et de travailleurs sont devant la Gare de Lyon : “Nous sommes tous des juifs allemands.” En une phrase, cette génération balaie les deux guerres mondiales, la Shoah et annonce l’Europe des peuples et des travailleurs. Les forces de l’ordre chargent brutalement, grenades lacrymogènes, matraques, sur la rive gauche, c’est rare. Surpris les manifestants se divisent en petits groupes. Je connais bien le quartier, je file vers le Faubourg Saint-Antoine, le quartier des ébénistes et des marchands de meubles dans les ruelles et les courettes, on passe en courant, les gens nous donnent de la bouffe, de l’argent et surtout des mouchoirs humides, attention des mouchoirs des menuisiers de 1968, c’est pas des kleenex, c’est des nappes. Ces mouchoirs mouillés noués sur le visage comme les bandits des westerns filtrent les gaz lacrymogènes. Il y a des matraqueurs partout, ils nous pourchassent dans les cours, dans les étages. On se retrouve sur les Grands Boulevards. Des barricades de fortune sont dressées, poubelles, grilles d’arbres, carrioles, bancs publics.
Ça met de la distance entre les matraques et nos crânes.
Personne n’a de casques, c’est pas obligatoire pour les mobs et les motos et c’est chérot.
- Putain! Y en a un qu’a un flingue ! Il fait des cartons sur les poulets ! que je gueule à mon voisin. Qu’est ce qu’on fait ? S’il en bute un, c’est la guerre.
Un dingue en imper mastic, propre, la quarantaine, pas du tout l’air d’un étudiant, avec un revolver tire avec application dans la direction du front dense des CRS.
- Qu’est ce que tu veux faire, t’as qu’à lui dire de s’arrêter. Je fais rien.
Il a dû mettre tous ses pruneaux en l’air ou dans le goudron, parce que si un CRS avait été tué par balles, on en aurait vachement entendu parler.
Il y a des groupes d’étudiants partout dans Paris, certains ont foutu le feu à La Bourse, le bon vieux Palais Brognard. Bourse, Brognard. Tout le monde prononce avec grand sérieux ces mots grotesques. Comme à l'accoutumée les flics nous rabattent sur Saint-Michel pour bien nous donner le compte. C’est une nasse.
Vers la rue Réaumur, un panier à salade, une Estafette Renault, petit fourgon de Police noir, est là au milieu de la rue déserte, toutes portes ouvertes. Je ne le crois pas. Comment des fonctionnaires de police ont pu abandonner ce véhicule-là ? Mystère ? Si c’est pas de la provoc. Un an plus tard, je faisais mon service militaire, comme j’avais fait les Beaux-Arts pour utiliser au mieux mes compétences, on m’avait bombardé chauffeur poids lourds. Pas de planque, ni de réforme pour les sursitaires de 68, la grande muette se les bichonne. Je sais que l’abandon de véhicule est une faute très grave, le chauffeur qui en est responsable risque gros. Ce qui était prévu arriva, le bouchon d’essence est dévissé, un tissu est introduit dans le réservoir, on fait couler un peu d’essence sur la chaussée, l’allumette, on court et tout saute, feu d’artifice, carcasse brûlée, jolie photo, encore un acte de vandalisme d'extrémistes incontrôlés. Cette nuit a été dure, trop de violences. Ce n’est qu’un début, continuons le…

Les campeurs de 68
- Qu’est ce tu fous avec des piquets de tentes de cette taille ? Bordel ! que je murmure à Mazio en tordant la bouche. Les deux CRS font le tour de la deux-chevaux, les barres de fer à la main.
- C’est des piquets de tente, on part camper, on aime le camping, on est des campeurs.
On est exactement devant la Préfecture de Police, face à Notre-Dame, c’est là que Mazio a décidé de passer pour aller à Charléty au grand meeting de l’UNEF. Je sors mes papiers, j’exhibe en premier lieu une carte de donneur de sang bénévole barrée de tricolore. Aux Beaux-Arts, quand le camion du Don du Sang se gare quai Malaquais, on y va tous pour la charcuterie, le pinard et les infirmières.
- Ah ! Vous êtes donneur de sang universel ? Bon. Ça va. C’est bon. Circulez.
On monte à fond les gamelles la Rue Saint-Jacques, on taille la route.
Un fou-rire délirant s’est emparé de nous.
- Mais t’es con ou quoi ?… Des barres de fer… Et devant la Préfecture. Tu veux nous faire passer la nuit au gnouf à Beaujon ?
- Beuah! ‘Chais pas, c’est des trucs qui traînaient aux Amandiers.
On travaille, tous les deux, au théâtre des Amandiers de Nanterre comme hommes à tout faire graphique et plastique.
On se gare loin du stade, because les poulets sont partout, interdisent l'accès et bloquent le quartier. Une nouvelle revue de piquets de tente ne nous tente pas trop. On arrive en courant sur les boulevards des maréchaux, on attend un peu, on cherche, on a peur d’être à la bourre.
Une énorme clameur monte, on voit arriver au pas de course une masse dense, serrée, un bloc de béton compact, poings levés, drapeaux rouges, noirs, banderoles. "C’est l’Unef !" Chair de poule.
-  Putain, je regrette pas ma cotise, même si j’ai pas encore ma carte.
Je la payerai bien encore un coup pour revoir ça. Je n'ai plus jamais revu une manif pareille. On rentre dans les rangs les  yeux humides. “Ce n’est qu’un début continuons le combat” "Che ! Che Guevara ! Hô! Hô! Hô Chi Minh !" “Le pouvoir aux travailleurs” et l’Inter hurlée. Discours enflammés de Sauvageot, Geismar, Cohn Bendit et Edmond Maire, on dit que Mendès-France et Rocard sont là. À l’autre bout de Paris, rue de Grenelle se signent des protocoles d’accord. On s’en fout. Les grévistes de Renault refusent tout en bloc. Bloqué. La nuit est calme.

MichelBaron-Mai68-drapeaux+rouges_2

Adieu De Gaulle !
Les accords de Grenelle refusés. La reprise de la grève est votée partout.
Mitterrand propose un gouvernement provisoire. La CGT réclame un gouvernement populaire et organise une grande manifestation, 800 000 personnes. Je vais y jeter un œil. République, Saint-Lazare. Les gros bras du service d’ordre de la CGT sont impressionnants. Une banderole des Beaux-Arts, allez zou, je rentre dans le cortège.
- Tiens prends le manche et tu la tiens bien tendue, me dit un archi que je rencontre souvent au flipper du bar-tabac Le Balto, rue Mazarine, à l’heure du café. Et me voilà, en train de porter une banderole, au milieu des cocos. C’est un instant très particulier, un flou incroyable. De Gaulle a disparu, personne ne sait où il est. “Adieu De Gaulle ! Adieu De Gaulle ! Adieu De Gaulle ! Adieu !”
Peyrefitte, ministre de l’Éducation nationale et responsable de tant de bêtises, démissionne. On dit que les ministres font leurs bagages, détruisent des documents, cherchent des billets d’avion, ils sont perdus, désemparés, nuls. “ De Gaulle est arrêté à Varennes !” hurle un titi coco. Rires et Internationale
La contestation est générale, la grève aussi. Dix millions de grévistes, toutes les usines, les bureaux, les magasins sont occupés.
Si le PC marche sur l’Élysée ? Je vois Jacques Duclos quitter le cortège et rentrer dans une DS 19, le chauffeur lui ouvre la porte. DS avec chauffeur, quand même, camarade.
Tout peut arriver.
Denise ronge son frein, Stéphane a quatorze mois, pas facile d’aller dans des rassemblements de ce type avec un bébé, elle reste rue du Faubourg du Temple à écouter la radio. Ce jour-là, elle s’approche de la République pour voir passer la manif. Les flics verrouillent les rues qui mènent au parcours et écartent les badauds autour des cortèges pour limiter les nouveaux venus. Elle se fait courser par un CRS et se prend un coup de matraque dans le dos avec son bébé au bras. Les cons, c’est quand même des cons, avec un bébé. Ça fait un mois que je fais l’andouille et c’est elle qui se fait matraquer. C’est la seule victime de la famille. Quels cons. À propos, on saura plus tard qu’Adieu De Gaulle était allé à Baden-Baden réclamer l’appui de l’Armée au Général Massu.

AtelierPopulaire-Mai68-SoisJeuneEtTaisToi

 

 

Voir la mer
De Gaulle parle à la radio. Pas de référendum mais la  dissolution de la Chambre et élections législatives.
Le gouvernement était paumé, les petits français en ont marre du pas d’essence, pas de courrier, pas de ceci, pas de cela, c'est l'électrochoc.
La majorité silencieuse, comme l'appellera Pompidou le malin de Monboudif, s'enhardit. Une grande manifestation de soutien à De Gaulle grimpe les Champs-Élysées. À l'Arc de Triomphe, Malraux, le héros de la Guerre d'Espagne et de la Résistance, titubant et bras dessus, bras dessous avec Debré et Schumann hurle le retour à la normale et au conformisme. Ils annoncent un million de personnes, la police est d’accord, tiens bizarre. Les négociations de Grenelle reprennent.  Le travail aussi, petit à petit, pas en douceur, il y a des morts à Flins chez Renault, à Sochaux chez Peugeot, les CRS font évacuer les usines, les facs, à coups de lattes. Coup de bambou. “Élections piège à cons !” résonne dans la Quartier. Coup de blues. Tous ces rêves s’écroulent. Avec Mazio, on est assommés. L’essence revient. Il fait le plein de sa deudeuche et comme on l’a fait si souvent, taille la route, vogue la galère, Denise, Bédé et Sté, 14 mois, embarquement.
- Allons voir la mer ! Les tumultes, les courses, les bousculades, les bangs et les gaz des grenades, les désillusions nous ont cramés. Direction Houlgate, c’est ce qu’il y a de plus près, puis Yport. On est râpé, je ne sais pas comment on a fait, on va dans un petit hôtel, on bouffe des frites au restau. La dame de l’hôtel nous regarde avec méfiance et amusement, elle voit bien qu’on est de ces fouteurs de bordel de Paris, le bébé l’amadoue.
Le petit-déjeuner au comptoir.
- Avec ou sans ? demande la patronne. Je regarde Mazio, il me regarde, on hausse les épaules, “Avec, avec !”. On se descend un grand café “avec” calva.
Étretat, Fécamp. La Manche, le large, on respire, ça change des lacrymos. Pique-nique, déconne, les progrès et les pitreries de Stéphane nous font marrer. La vie reprend.

 

On a sur le cœur ce pavé, pour toujours. Et merci. Désormais, on n’arquera plus comme des aiguiseurs, on tamisera la langue de bois, on conchiera les providentiels, on raillera les z-élus bouffons, on iconoclastera tout le burlingue, on ne nous la fera plus.

 

On remet ça ? comme disait Mazio pour les bières, Same player shout again ? Qui c’est qui s’y colle ? “Dix ans déjà, coucou, nous revoilà !” qu’on disait, il y a cinquante ans. C’est quand que nous revoilà ?

 


Ces"trucs de Mai 68" ne sont ni un travail de journaliste, ni un travail d'historien, mais des impressions-expressions de bribes de souvenirs.

 

 

 

© Ballouhey Tous droits réservés. Ces dessins et textes ne peuvent pas être publiés, en aucune façon, sans l'autorisation écrite de Pierre Ballouhey. Copyright. Not to be reprinted in whole or part reproduced in any form without written permission from Pierre Ballouhey

 

Commentaires
PIERRE BALLOUHEY
PIERRE BALLOUHEY
Archives
Newsletter